8 interview ritter: la numérisation progresse rapi- dement, mais pas si vite que cela. les experts-comptables sont un peu réti- cents et ne peuvent être séduits par les innovations qu’avec de bons argu- ments. nous devons donc convaincre et motiver nos membres à aborder dès maintenant la numérisation, à en parler et à agir en conséquence. nous nous considérons comme un moteur de ré- flexion individuelle, mais aussi comme un fournisseur de solutions. les nouveaux modes de travail re- quièrent de nouvelles lois sur le travail. quel est le rôle d’expertsuisse à cet égard? bürgy: nous sommes le moteur de l’«alliance réflexion suisse». nous sou- tenons le maintien de formes de travail flexibles et modernes qui, selon l’inter- prétation stricte de la loi, ne seraient pas autorisées. mais attention, il ne s’agit pas de priver de leur protection ceux qui en ont besoin, mais de créer les conditions pour ceux qui veulent et doivent continuer à travailler de ma- nière flexible à l’avenir. il s’agit d’un pe- tit groupe de cadres, de spécialistes et d’experts, mais il s’agit justement de nos membres. et ces derniers veulent que nous, en tant qu’association, fas- sions tout notre possible pour soutenir la préservation de leurs modèles de travail éprouvés. la flexibilité et la va- riabilité sont des préoccupations tout aussi importantes pour les employés que pour les employeurs – une loi sur le travail dépassée et vieille de plus de 50 ans ne doit pas s’y opposer. l’ensemble de ritter: nous sommes une association pour la branche et sommes en contact étroit avec l’écono- mie et la politique. nous représentons les intérêts de nos membres par le biais d’informations neutres et factuelles. nous montrons qu’il ne s’agit pas ici d’une plus grande charge de travail, mais d’un travail plus flexible pour le bien des employés et des entreprises. nos membres sont des travailleurs du savoir et ils ont besoin de collabora- teurs motivés et apportant un brin de nouveauté. les opposants avancent souvent l’argument du taux de burn- out, mais dans notre branche, celui-ci expertsuisse 2018 est est très faible par rapport à la moyenne nationale. cela se passe de commentaires. nous avons besoin du soutien de tous les membres sur cette question, car elle concerne tout le monde. la gestion des intérêts a été professionnalisée avec m. bürgy, la branche n’était jusqu’alors pas assez consciente de l’importance de la repré- sentation des intérêts. les experts-comptables sont régulière- ment l’objet de critiques. ressentez- vous cela dans l’association? ritter: en plus des questions très spé- cifiques qui se posent dans des cas in- dividuels, pratiquement tous les cas mettent également en évidence ce que l’on appelle l’«expectation gap», qui est un sujet central pour nous. une grande partie du public, mais aussi les médias et les milieux politiques attendent de l’organe de révision externe qu’il dé- couvre toute erreur, toute manipulation et toute violation de la loi, comme la fraude et la gestion déloyale. cette at- tente ne tient pas compte du fait que notre activité de révision est fondée sur «l’exigence d’intégrité a toujours été élevée, à juste titre.» dominik bürgy président sortant d’expertsuisse une évaluation spécifique des risques et sur des contrôles systématiques par sondage. même avec une attitude très critique, il est impossible d’identifier toutes les erreurs. bürgy: malheureusement, cette dis- cussion est aussi étroitement liée à des questions de morale et d’éthique. l’exi- gence d’intégrité a toujours été élevée, à juste titre. cependant, la morale et l’éthique évoluent aussi au fil du temps et sont parfois, dans certains cas, dé- finies rétrospectivement. aujourd’hui, le grand public réagit plus vite, plus violemment et parfois de façon peu nuancée. nous devons composer avec cela et communiquer notre rôle de ma- nière proactive et, éventuellement, le clarifier au niveau juridique. il en va d’ailleurs de même pour le conseil fis- cal. ce qui est admis et correct du point de vue juridique est souvent perçu dif- féremment par le public. c’était diffé- rent il y a 20 ou 30 ans. nous devons aussi composer avec cela. la densité et la cadence de la régle- mentation augmentent de façon géné- rale. comment aidez-vous vos membres à s’y retrouver? bürgy: je pense que nous devons sur- tout considérer ces changements comme une chance. la société veut la sécurité avec la plus grande flexibilité et la plus grande liberté possible. les réglementations étatiques et les ten- dances sociétales favorisent de plus en plus la vérification indépendante des données et ce dans plus en plus de domaines – il en résulte aussi de nou- veaux domaines d’activité et de crois- sance pour les experts-comptables, en particulier dans les domaines non financiers. la numérisation nous aidera à mieux répondre aux attentes concer- nant la sécurité des assertions, car les nouvelles possibilités techniques permettent des analyses de données infiniment plus approfondies et plus vastes qu’auparavant. ritter: nous aidons les acteurs du mar- ché à s’y retrouver dans la jungle régle- mentaire. pour cela, nous avons besoin d’experts que nous soutenons au fil de leur carrière avec nos offres attrayantes de formation et de formation continue. avec le déménagement dans les nou- veaux bureaux et locaux de formation, nous pouvons en outre montrer claire- ment cette attitude positive à l’égard des changements – aussi bien en in- terne que vis-à-vis de l’extérieur – et la mettre en pratique. il est bon de savoir que notre association est bien position- née pour relever les défis actuels et futurs.